La valeur de cession d’une entreprise peut se déterminer par plusieurs méthodes. Aucune n’est prépondérante. Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte, dont certains ne sont pas toujours rationnels. Du coup, le cédant peine à déterminer rapidement et facilement la valeur de son entreprise. Par exemple, quand une cession intervient dans un contexte de départ à la retraite imminent et qu’il s’agit d’une TPE, le prix proposé se trouve souvent au-dessus du prix final. Quand la taille de l’entreprise est plus grande, le réalisme l’emporte. Et le prix souhaité se trouve bien plus proche de la réalité.
Ces cas de figure se résument en un piège : le recul par rapport à son entreprise, son environnement et son marché. Aussi, la présence d’un expert accompagnateur spécialisé dans la cession-transmission à ses côtés permet de fixer une valeur qui tient compte de cette réalité économique., mais aussi de l’image de marque sur le marché. Cela permet même de mieux vendre son entreprise.
Les écueils des méthodes comptables
Pour déterminer cette juste valeur de son entreprise, le deuxième piège est de suivre une approche patrimoniale. C’est-à-dire de comptabiliser la valeur des actifs de la société et d’y déduire les dettes à rembourser. Certes, le montant obtenu repose sur une certaine réalité. Pourtant, il écarte des facteurs liés à la santé économique de l’entreprise, telle que la rentabilité des activités ou la dynamique du marché.
Une autre approche est préférable : la méthode dite DCF pour “discounted cash flow”. Ici, il s’agit de regarder les dividendes que les actionnaires reçoivent à travers le temps. On parle aussi de “cash-flow nets”. De la sorte, on estime ce qui sera versé en gain, une fois la transaction réalisée, et sur la durée choisie par l’acheteur : 4 ans, 7 ans, 10 ans... Toutefois, la valeur estimée repose sur un scénario prospectif décrit dans le business plan. Or, rien n’assure que l’entreprise va le suivre effectivement. De plus, si le DCF convient bien aux Start-up, le monde financier, lui, est plus réservé quand il est utilisé pour le financement de reprise d’entreprises établies. Autant ne pas tomber dans ce troisième piège.
Les “free cash-flow” offrent l’évaluation d’une entreprise la plus proche de la réalité
Dans ce contexte, ce sont les “free cash-flow”, autrement dit les liquidités qui restent à l’entreprise une fois que tout est payé, qui offrent l’évaluation d’une entreprise la plus proche de la réalité. Cependant, au moment de la vente, les profits peuvent être plus élevés qu’à la normale ou, au contraire, fondre. Pour échapper à une vision trop sur le court terme, il convient de regarder la moyenne des liquidités disponibles sur trois ans ou plus, selon la date de création. Toutefois, l’estimation ainsi établie ne sera pas le prix de vente final, un piège facilement admissible.
Une valorisation empirique de l’entreprise
Le prix issu de la transaction intègre, certes des éléments comptables et tangibles, mais aussi des phénomènes psychologiques : effet de mode de consommation ou technologique, notoriété, anticipation sur les perspectives du secteur… Ce sont eux qui font l’écart entre l’estimation et le montant final de la cession. Ce qui explique que le vendeur ne doit pas s’arquebouter sur un montant estimé ou espéré. C’est le cinquième piège. Il doit au contraire accepter de voir évoluer la valeur en proposant son entreprise au marché, pour voir comment il la valorise. Attention, il ne s’agit pas de l’introduire en Bourse mais de voir parmi les repreneurs potentiels quelle somme ils sont prêts à dépenser pour acquérir l’entreprise. Sur cette base, il deviendra pertinent de fixer le montant de la mise en vente.
Par Baptiste BLANDET et Boris CHRISTEL