Le coronavirus va laisser des traces dans les finances des entreprises. Positivement pour celles qui ont la chance de pouvoir continuer à fonctionner. Négativement pour celles qui ont dû travailler partiellement, voire pas du tout. Le secteur industriel fait partie en grande majorité du second groupe. Personne n’a pu anticiper. La décision du confinement est tombée brutalement. L’exercice 2020 ne sera pas bon. Il va manquer deux mois de chiffres d’affaires.

Dans le meilleur des cas, cela concerne la seule période du confinement mais il faut gérer la reprise: les normes sanitaires à respecter et les ouvertures retardées parfois empêchent un retour à la normale. Tout concourt à penser que tout fonctionnera correctement seulement début septembre. En attendant, le PIB a déjà chuté de 5,8 % au premier trimestre selon l’INSEE, les premières estimations sur le second semblent indiquer un rebond, mais il n'effacerait pas tout le retard pris.

Réduire au maximum les pertes d’exploitation

Dans sa loi sanitaire d’urgence, le gouvernement a tablé en moyenne sur un manque à gagner en activité d’environ trois mois. C’est sur la base de cette durée que s’appliquent les prêts garantis de l’État (PGE) qui permettent de substituer l’absence de recettes. Globalement, les banques ont joué le jeu, même si ici ou là, il y a pu y avoir des crispations et des erreurs de jugement. Ce n’est pas la seule mesure que les PME ont pu appliquer. Par exemple, celles qui louent leurs locaux ont pu négocier avec leur bailleur, un abandon de bail. Depuis le 23 avril et la seconde loi de finance rectificative 2020, les propriétaires savent que le manque à gagner lié à ce renoncement sera déductible du bénéfice imposable et eux-mêmes sont éligibles au PGE.

L’idée du gouvernement a été de permettre aux entreprises de réduire à minima leurs coûts fixes. C’est pourquoi il a facilité les cas d’arrêts de travail et la mise en œuvre du chômage partiel entre la mi-mars et la fin mai. Il a aussi permis le décalage du paiement des cotisations sociales ou encore le gel des factures comme l’eau ou l’électricité. Les banques ont aussi facilité le report d’échéance des crédits en cours. De façon théorique, les entreprises ont donc pu limiter les pertes d’exploitation à la part congrue. Certaines pourront peut-être obtenir le soutien de leur assurance, mais cela semble au prix d’une bataille juridique. La réalité montre que l’impossibilité de retrouver immédiatement un fonctionnement normal fait considérer 2020 comme une année délicate.

3 paramètres pèsent sur la valorisation de l’entreprise

Le chiffre d’affaires annuel sera donc moindre. Dans le même temps, le coût de production a augmenté avec la mise en place des protections sanitaires, et parfois il a fallu faire un geste commercial pour réenclencher les commandes. Au total, les marges se sont amoindries. Ce qui explique qu’un employeur sur cinq prévoit une réduction d’effectif afin de retrouver un seuil de rentabilité soutenable.

Tous ces chiffres ne sont pas neutres sur la valorisation de l’entreprise. Cependant, au moment de se mettre d’accord avec le repreneur, plusieurs paramètres sont à prendre en compte. Le premier est essentiel : la capacité de l’entreprise à montrer que la COVID-19 est un accident ponctuel. Cela se traduit par des carnets de commandes peut-être décalés de quelques semaines, mais maintenus et par une remontée rapide des ventes. En fait, si seule l’incapacité de mobiliser tout son personnel pour répondre à la demande explique un chiffre d’affaires et des recettes moindres, la valorisation de l’entreprise ne peut guère être remise en cause, à moyen terme, ces ratios financiers habituels seront rétablis.

Démontrer et rassurer le repreneur

Le second paramètre porte sur sa capacité d’adaptation de sa production et l’agilité des collaborateurs à changer les productions dont ils ont la charge. Le repreneur peut constater qu’il aura une équipe réactive pour aller dans le sens qu’il souhaite pour tenir la rentabilité. Le troisième paramètre porte bien sûr sur la santé financière. La dégradation à court terme peut être nuancée par la manière dont l'entreprise a passé cette crise et celles passées. Son taux d’endettement est à ce titre un critère intéressant.

La valorisation ne se traite pas que par les chiffres. Ils sont déterminants pour nourrir une négociation, de sorte que si l’impact de la crise est circonscrit, que l’activité reprend singulièrement, que les clients les plus importants ne donnent pas de signaux négatifs, cela veut dire que l’année 2021 effacera 2020. Cette perspective peut amener à obtenir une valorisation de l’entreprise acceptable.